Bonjour,
Comme promis, le début d'un petit cycle sur la crise financière, le système bancaire et la monnaie en général.
Contrairement à ce qu'il pourrait sembler, les règles du jeu fondamentales, notamment en économie et en finance, sont simples, si tant est que nous les traduisons en des termes compréhensibles par des humains 'normaux' tels que nous en croisons tous les jours en allant chercher le pain. Ce qui les rendent compliquées, c'est tous les détails et les mots compliqués que les "experts" mettent dessus, ce qui est une prise de pouvoir (qui a elle même son rôle à jouer dans nos sociétés) et une mise à l'écart des non spécialistes sur des thèmes qui nous concernent tous.
C'est quoi la monnaie ? Si je donne un billet, un vulgaire bout de papier, à un épicier qui ne me connait ni d'Eve ni d'Adam ni de Mahomet et qu'il me l'échange contre du bon pain, je suis en droit de me poser la question. Finalement, le billet n'est rien. Le billet ne vaut que parce que l'épicier a confiance (voir l'éthymologie très intéressante de ce mot, tant pour le propos de ce blog que pour les curieux en général). Il a confiance dans le fait qu'il pourra lui même l'échanger dans le futur contre un objet de son propre désir.
Autrement dit, la monnaie, c'est l'incarnation de la confiance, le support tangible, matériel de cette confiance, au sein d'une communauté.
La confiance en tant qu'émotion, idée, culture, esprit qui unit cette communauté est un préalable à la matérialisation de cette confiance. C'est bien pour cela que l'histoire de la monnaie est très longue et passe lentement du matériel de valeur équivalente (troc contre de l'or notamment) jusqu'à des électrons sur des disques durs: il faut que la confiance se fasse.
C'est bien pourquoi "battre monnaie" ne vaut que sur un territoire politique unifié. « Battre monnaie », c’est apposer le « sceau » royal sur la pièce, c’est « sceller » le pacte.
Ce point est fondamental. Ce n'est pas la monnaie qui crée la confiance. C'est la confiance qui la permet. C'est parce que l'autorité politique qui donne corps à la direction d'une communauté confère à la monnaie une force de droit et le cas échéant de fait. Le contrefacteur est puni très sévèrement, et nous sommes tenus d'accepter ce bout de papier si nous sommes épiciers, ainsi en a décidé l'autorité politique commune à moi et à cet épicier, autorité que nous acceptons, consciemment ou non.
La monnaie n'est pas un bien ni un service, contrairement à ce que de nombreux économistes et chercheurs honorables continuent à marteler. Il est possible de la concevoir ainsi, c'est vrai. Et même de dire des choses intelligentes depuis ce point de vue (en tout cas, j'ai lu des articles intelligents qui dépassaient largement mon intelligence personnelle), c'est vrai. Mais ne pas la concevoir dans sa dimension politique et culturelle, c'est passer à côté de son essence, ce qui limite considérablement le point de vue.
Comme d'habitude, le début recèle en germe la fin. C'est l'histoire de l'alpha et de l'omega. Entre les deux, c'est une question de déploiement jusqu'à son terme de la logique initiale...Voyons où cela mène...