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Le cycle de développement et la stratégie

Le cycle de développement d’un système, c’est la description générique du processus de développement.   Ce processus est du type « se diriger » : piloter, réaliser, améliorer.

• L’activité « piloter », lorsqu’elle s’applique aux orientations globales du système, en tant qu’il est immergé dans un environnement qu’il ne maîtrise pas, correspond à la composante stratégique. La stratégie, c’est le pilotage global du système, c’est le plus haut niveau des orientations pour un système. Il se situe à la frontière entre l’extérieur et l’intérieur. La stratégie, c’est ce qui permet l’articulation entre l’intérieur et l’extérieur.
• L’activité « réaliser » correspond aux activités pérennes et aux activités projets de transformation menés en interne.
• L’activité « améliorer » correspond à la maîtrise du système des activités qui est en transformation permanente.

Dans le cas de l’optimisation de carrière, le système, c’est soi même. La stratégie, c’est le point d’articulation entre nos ressources et nos désirs propre d’un côté, et notre environnement de l’autre.

Se Diriger: un motif fondamental de la systémique

L'approche systémique est un outil extraordinairement puissant. Elle dépasse largement le cadre de l'entreprise. Cette approche permet de décrire de façon formelle tout système, quel qu'il soit.

C'est  entre autre cette approche qui permet de décrire, dans un cadre unifié, toutes les démarches et toutes les méthodes existantes, notamment pour l'entreprise. Entre nous, ce n'est pas rien... (c'est même une forme d'accomplissement dans le conseil que de savoir jongler avec cette approche pour générer des méthodes appropriées à la volée...). Je me propose de faire un long cycle post dédié le moment venu. Pour l'instant, je me contente de quelques bases pour avancer sur le cycle de post relatif à la gestion de carrière.

Appliqué au cas d'un système qui "auto-détermine son action dans un environnement externe à partir des ressources internes", la systémique offre donc un cadre commun à la description du développement personnel d'un côté et de l'entreprise de l'autre (et le cas échéant, celui d'un organisme vivant, mais nous sortirions de notre périmètre :-)).

"Se Diriger" est un motif 'fractal' fondamental et 'chapeau' (me rappeler de définir ces termes si je zappe) pour ce type de système.

Les 3 activités fondamentales de la systémique de l'entreprise sont contenus dans ce motif:

• L’opérationnel:

Réaliser (agir)

Piloter (vouloir)

• Le structurel qui englobe l’opérationnel et y ajoute :

Améliorer (prendre du recul)

Voilà l'illustration sous forme de schéma systémique (les rectangles sont les activités, les actions, le faire / les octogones verts sont les objets échangés en entrées/sorties):
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L’entreprise comme un corps organique « iso-morphe » à la personne

Proposer un parallèle entre la personne vue comme un objet et l’entreprise n’est pas seulement un tour de passe-passe ou un angle de vue.

J’ai pu constater en travaillant à la fois dans le domaine de l’entreprise et dans le domaine du développement personnel à quel point la forme des méthodes est identique. Il existe un véritable iso-morphisme (ça c’est pour les matheux, ça revient à dire que les méthodes ont la même forme). Au cours du cycle de post sur l'optimisation de carrière, je vais donc suivre le cycle de développement de l'entreprise et faire le parallèle avec le développement de carrière.

Le jeu entre les deux angles d'approche : structurel et opérationnel

L'approche selon le développement personnel est structurelle. L’approche professionnelle est opérationnelle.

Celui qui gagne en maturité constate, comme une conséquence secondaire, que sa carrière professionnelle est devenue naturellement beaucoup plus proche de ce qu'il désirait. L'inverse n'est pas vrai. L'approche selon le développement personnel a toutefois un inconvénient: le temps caractéristique de développement est beaucoup plus long que l’angle d’approche strictement professionnel.

Ce point est générique. Il ne dépend pas du sujet choisi (par exemple l’optimisation de la carrière). Quelque soit le sujet, il existe une approche structurelle et une approche opérationnelle. L’approche structurelle travaille sur un cycle temporel d’un ordre de grandeur supérieur au cycle temporel

Deux angles d’approche pour l’optimisation de carrière

• Angle d’approche développement personnel : prendre conscience de ses barrières intérieures

Accroître sa maturité, c’est être libre de moduler à loisir son approche du monde, de l’autre et de soi-même.
Il n’y a pas de méthode pour devenir libre. La liberté s’éprouve et procède d’un acte, non d’une connaissance. En revanche, tout ce qui est en nous de l’ordre du mécanique et dont nous sommes les jouets peut être compris et amené à la conscience. Un chemin se dessine.

Accroître sa maturité, cela commence donc par prendre conscience de sa mécanique et de ses barrières intérieures. C’est un angle d’approche profond et puissant.

J’attire l’attention sur l’infinie humilité nécessaire, tant nos barrières intérieures nous rendent aveugles à la barrière elle-même (Une personne qui passe son temps dans la raison peut aller jusqu’à totalement ignorer qu’une approche par le sentiment ou l’intuition soient possible, jusqu’à ne même plus pouvoir l’imaginer. N’avez-vous jamais entendu une ‘grande personne’ s’exclamer « oh, je n’ai jamais eu d’imagination ! » ou « je ne rêve jamais », signant ainsi son aveuglement à elle-même…)

• Angle d’approche professionnel : se considérer soi-même comme un objet-produit pour l’autre

De façon à aider les autres à bien sérier la dimension professionnelle pure de la dimension privé, j’invite à considérer la problématique de l’optimisation de trajectoire professionnelle sous un angle caricaturalement professionnel. Dans cette caricature, nous sommes tous, en tant que personne, des entreprises individuelles qui proposent une offre unique, « notre prestation de service intellectuelle pendant une certaine durée ».

Soyons le plus froid possible. Détachons nous de nous-mêmes en tant que sujet. Bienvenu à Gattaca, nous sommes devenus des objets de consommation B2B (business to business), une offre de service type prestation intellectuelle, évidemment en concurrence sur le marché. Nous ne sommes pas qu’une offre, nous sommes également une entreprise qui la porte.

Je ne cherche pas à juger avec mon cœur de cet angle de vue. Cet angle de vue est de fait l’angle de vue premier correct pour celui qui nous recrute (dans le cadre particulier du système capitaliste – mais ces posts se limitent au périmètre de l’entreprise moderne qui s’inscrit de fait dans ce cadre). Il nous faut donc bien faire cet effort de changement de point de vue si nous voulons optimiser nos carrières.

Notons au passage que le simple fait de changer de point de vue pour prendre celui de votre interlocuteur est en soi tributaire de notre degré de maturité...Le niveau de maturité intervient donc déjà ici. Il est au centre de notre aptitude à changer de point de vue.

Selon ce nouveau point de vue, nous pouvons donc appliquer à notre personne-objet les méthodologies standards, et elles sont nombreuses. Un univers de méthode s'ouvre à nous.

Un point clef: au fur et à mesure, sérier l'affectif et le professionnel

• Sérier l’affectif et le professionnel

Une difficulté de l’optimisation de la trajectoire professionnelle de chacun, c’est d’arriver à sérier la dimension dite affective et la dimension dite professionnelle. La dimension affective l’emporte souvent et nuit gravement à la dimension professionnelle. Parvenir à sérier les deux dimensions est un point clef de l’optimisation.

Ce n’est pas l’objet de les définir précisément ici. Disons pour l’instant que la dimension affective fait référence aux sentiments, aux émotions, à l’implicite, aux interdits, à l’attachement inter-personnel, à la culture, au bien-être ou mal-être personnel ; la dimension professionnelle fait référence à un échange intellectuel entre des êtres raisonnables, dans un cadre juridique formel où les intérêts mutuels sont bien compris (ça ressemble bigrement à l’homo économicus).

• Sérier et non séparer

Je dis « sérier » les deux dimensions et non pas « séparer » les deux sphères. Il s’agit en effet d’ordonner, de prioriser, de hiérarchiser, in situ. Il s’agit parfois d’être plutôt dans l’affectif, et parfois plutôt dans l’intellect. Mais les deux dimensions sont toujours simultanément présentes.

La plupart des DRH avec lesquels j’ai pu en parler considère que le privé doit être exclu du professionnel (à tel point que je me demande si ce n’est une base de leur enseignement). Je crois que cette position est fausse au sens de la vérité : elle ne traduit aucunement la réalité. De fait, tous les êtres humains sont à la fois d’émotion et d’intellect. Sans émotion, il n’y a pas de désir, pas de société, et donc pas d’entreprise. L’émotionnel est le ciment de toute communauté (ce qui est gênant pour l’homo économicus).

Cette position est toutefois juste au sens de la communauté de l’entreprise : véhiculer ce faux postulat est utile dans la perspective de la fonction RH. L’un des objectifs fondamentaux de la fonction RH au sein de la communauté entreprise, c’est de maintenir un climat social propice au travail de groupe et au-delà la « cohésion sociale ». Or, le refoulement individuel de l’émotionnel, dès lors qu’il nuit au travail « professionnel » du groupe, est certainement une pression nécessaire au maintien de la cohésion du groupe. Il me semble donc que les RH pourraient utilement remplacer leur postulat par : seul le privé positif a droit de cité dans le professionnel, dans la mesure où une vaste palette d’émotions sont extrêmement bénéfiques (pour ne pas dire qu’il n’y a ''pas'' de « professionnel » sans elle) pour le travail de la communauté.

• Deux angles d’approche complémentaires

Nous avons dès lors deux angles d’approche complémentaires pour travailler sur l’optimisation de carrière :

1. L’approche personnelle, qui consiste à atteindre à sa pleine maturité, et qui se concentre sur le cheminement intérieur propre à chacun. Le focus est le sujet. La visée principale : plus le sujet est libre, plus il est en mesure (entre autre) de saisir l’opportunité, à chaque instant de son existence.
2. L’approche professionnelle, dont le focus est le sujet considéré comme un objet par les autres. Ce focus se concentre sur la personne en tant qu’elle est un produit de consommation parmi d’autre sur le marché.

Un point clef: ancrer sa carrière dans le développement de son être propre et certainement pas le contraire

Au-delà des détails, le socle de l’optimisation de carrière me semble être l’aptitude à saisir l’opportunité, directement liée à la maturité de la personne.

C’est un point essentiel pour moi d’ancrer cette question à ce niveau là, qui dépasse de loin la stricte question professionnelle. Pourquoi ? Parce que le professionnel est un moyen d’accomplissement au service de l’humain et pas une fin. Tout être humain qui fait du professionnel une fin est en déséquilibre intérieur. Il peut éventuellement faire une bonne carrière (quoique ce déséquilibre lui sera préjudiciable tôt ou tard dans sa sphère professionnelle, j'en suis convaincu). Je ne crois pas qu’il puisse en aucun cas faire une vie d'être humain au sens plein du terme.

Si la recherche de la maturité personnelle permet d’optimiser sa carrière et de lui donner du sens, optimiser sa carrière ne donne ni maturité ni sens à la personne.

Un point clef: ancrer sa carrière dans le développement de son être propre et certainement pas le contraire

Au-delà des détails, le socle de l’optimisation de carrière me semble être l’aptitude à saisir l’opportunité, directement liée à la maturité de la personne.

C’est un point essentiel pour moi d’ancrer cette question à ce niveau là, qui dépasse de loin la stricte question professionnelle. Pourquoi ? Parce que le professionnel est un moyen d’accomplissement au service de l’humain et pas une fin. Tout être humain qui fait du professionnel une fin est en déséquilibre intérieur. Il peut éventuellement faire une bonne carrière (quoique ce déséquilibre lui sera préjudiciable tôt ou tard dans sa sphère professionnelle, j'en suis convaincu). Je ne crois pas qu’il puisse en aucun cas faire une vie d'être humain au sens plein du terme.

Si la recherche de la maturité personnelle permet d’optimiser sa carrière et de lui donner du sens, optimiser sa carrière ne donne ni maturité ni sens à la personne.

C’est quoi la maturité qui permet de saisir les opportunités ?

Selon les diverses représentations psychologiques, un être humain serait d’autant plus « mature » qu’il est libre de moduler à loisir son approche du monde. Il est notamment capable de choisir une approche en adéquation pertinente avec la situation qu’il vit.

De façon caricaturale, avec une belle femme autour d’un diner aux chandelles le 14 février, l’approche pertinente n’est probablement pas d’élaborer une modélisation de la physique des bulles de champagne.

De façon moins caricaturale mais bien réelle, en discussion d’embauche avec un client ou un recruteur inquiet pour la préservation de son poste du fait de difficultés sur un projet transverse dont il est responsable et pour lequel il a besoin de vos compétences, il n’est probablement pas pertinent d’exprimer votre enthousiasme à l’idée de tout mettre à plat et de clarifier là où sont les responsabilités (même si vous allez le faire pour les besoins de votre mission)…si tant est que vous souhaitez être recruté, cela va sans dire.

Limites et précautions sur les modélisations et notamment les modélisations psychologiques

Je répugne à toute « mise en boîte » des personnes. De part leur liberté inaliénable et fondamentale, ce qui en eux est profondément humain, à savoir libre, échappera toujours, par essence, à toute mise en boîte.

Je crois que c'est également vrai de toute représentation mentale, de toute théorie, de tout concept. Je m'en méfie en même temps que je l'utilise. Quelqu’en soit l’utilité pratique, quelqu'en soit le caractère séduisant, ce ne sont que des formes avec lesquelles nous décrivons plus ou moins adroitement une réalité qui lui échappe, de la même manière que nous utilisons le cercle pour décrire un tronc.

In fine, la réalité a toujours raison, pas la théorie. J'enfonce peut être une porte ouverte mais je ne compte plus les personnes qui s'accroche à l'idée sans regarder les faits...